Plaidoyer pour inclure la sobriété numérique dans l'inclusion et la médiation numérique
La dernière édition du baromètre du numérique (source), a été publiée en mai 2024, et on peut en retirer plusieurs enseignements en matière de croisement entre inclusion numérique et numérique responsable (Note Louis : numérique responsable ou sobriété numérique ?).
D'abord, la société française est globalement très connectée. On compte en moyenne plus de 10 écrans par foyers, dont près d'un quart n'est pas utilisé. Plus de 95% des 18-59 ans sont équipés d'un smartphone. Enfin, 84 % des Français disposent d'une connexion internet fixe à domicile.
Ensuite, les inégalités d'accès aux pratiques émancipatrices du numériques subsistent. Ainsi, si le numérique facilite la vie de 65% des français disposant du bac et 74% des français diplômés du supérieur, ce n'est vrai que pour 30% des français non diplômés et 57% des titulaires d'un niveau BEPC. Le manque de maîtrise reste le premier frein pour une utilisation optimale du numérique. Les efforts d'inclusion et de médiation numérique restent d'actualité, d'autant que les technologies numériques évoluent vite, l'émergence des IA génératives étant la dernière
Enfin, huit équipés d’internet à domicile sur dix déclarent suivre au moins une pratique permettant de réduire son empreinte environnementale ou souhaitent le faire. Ces actions sont représentées dans l'infographie ci-dessous, réalisée par le Credoc. On y voit que les gestes prioritaires pour réduire l'empreinte du numérique selon l'ADEME (faire durer ses appareils, en limiter le nombre, ou encore acheter reconditionné) sont assez peu mis en oeuvre par les internautes, contrairement au tri des mails. Plus perturbant, les 18-24 ans et les 25-39 ans sont moins nombreux à réaliser des actions de sobriété numérique, toutes actions confondues. C'est particulièrement vrai pour l'action de faire durer ses appareils numériques.

Il semblerait donc que même si les enjeux d'impacts écologiques du numérique sont de mieux en mieux compris et acceptés, les ordres de grandeurs de ces impacts, eux, ne sont pas bien maîtrisés. C'est d'autant plus problématique que 79% des impacts (carbone) se situe dans les équipements individuels, pas dans l'infrastructure réseau (5%) ou les centres de donnée (16%). En matière de technologies numériques, les gestes individuels et collectifs sont particulièrement nécessaires.D'où un besoin fort que les actrices et acteurs de la médiation numérique intègrent dans leur discours des notions de numérique responsable. C'est pourquoi notre groupe de travail s'attele à proposer un ensemble de ressources à destination des acteur⋅ice⋅s de la médiation numérique, pour leur permettre de faire passer les bons messages en matière de sobriété numérique.
Idées de vrai/faux :
De toute façon le gros de l'impact vient des centres de données => faux, c'est « seulement 16%.
Le plus important, c'est de trier ses mails et de prendre moins de photos => le plus important, c'est de faire durer ses appareils car 78% de l'impact carbone provient de l'étape de fabrication, et 21% à l'étape d'utilisation.